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François des Oiseaux… ou le secret d’Assise

– MJC : Daniel Meurois-Givaudan, on vous connaît beaucoup depuis une trentaine d’années pour vos témoignages sur les Esséniens et sur ce que fut le message originel du Christ. Vous avez récemment publié « François des Oiseaux » aux Éditions Le Passe-Monde. Pourquoi vous êtes-vous soudain intéressé à la vie de François d’Assise dont on peut dire que le message a énormément fait pour l’Église de Rome ?

–    DM-G : En réalité, on ne peut pas dire que je me sois soudainement intéressé à François d’Assise. Le projet d’écrire un ouvrage dont il serait le centre était comme en sommeil en moi depuis d’assez nombreuses années. Ainsi que pour la grande majorité de mes livres, le thème m’en avait été annoncé de façon insistante par des voies subtiles. Dans le cas présent, cela s’est fait par l’intermédiaire de simples rêves que je faisais ou que d’autres personnes me transmettaient. Seulement voilà… je n’avais pas de ¨matériel¨ à ma disposition. Pour moi, cela n’aurait eu aucun sens de traiter un tel sujet seulement à cause de la beauté emblématique du personnage de François d’Assise. Celui-ci emplit déjà des bibliothèques entières ! Non, il fallait qu’il y ait une raison solide, une information significative qui me permette d’aborder sa vie d’une manière nouvelle. En fait, je sentais confusément qu’il y avait un ¨autre Francesco¨ derrière celui que la Tradition catholique nous a imposé. Cette information sur laquelle je ne comptais plus m’a soudainement été offerte par l’intermédiaire de l’âme de Claire d’Assise, sa première disciple féminine et aussi sa ¨complice¨ spirituelle de la première heure. C’est par la présence de celle-ci, dans l’Invisible, que j’ai pu avoir accès à la Mémoire akashique les concernant tous deux. Est-il besoin de préciser que cette expérience a été fascinante et bouleversante ? Je peux dire que, pour moi, il y a un avant et un après ce livre, tout comme il y a eu un avant et un après ¨De mémoire d’Essénien¨. Pour entrer dans les détails de la rédaction de ¨François des Oiseaux¨, j’ajouterai que c’est vraiment à partir des éléments qui m’ont fait rédiger son sixième chapitre que j’ai vraiment réalisé le pourquoi profond de la demande qui m’avait été faite.  J’ai compris que l’Église de Rome avait très rapidement façonné une image de François d’Assise qui n’avait qu’un rapport très parcellaire avec ce qu’il fut en réalité. L’Église a totalement récupéré son œuvre à son profit alors qu’en réalité son action cherchait à se démarquer radicalement d’elle. En disant cela, on pense tout de suite à la pauvreté et à l’humilité de Francesco au sein d’une Église où le faste et une arrogante richesse s’étaient étalés depuis longtemps. Pourtant, ceci n’est que la partie visible de l’iceberg… La première chose qui m’a marqué c’est la constante et intense communion existant entre François et la nature dans son ensemble, jusqu’au plus petit de ses insectes ou la plus modeste de ses fleurs. Où trouve-t-on cela dans le dogme romain ? Tout y est centré sur l’homme – pas même la femme – fleuron de la Création. Dans un tel contexte, il est évident qu’une âme n’est pas accordée aux animaux… un état de fait totalement contraire à ce que vivait et affirmait le ¨poveretto¨ d’Assise. Avec un peu d’audace, il m’est donc apparu que son monothéisme s’expansait de lui-même en une sorte de merveilleux panthéisme puisqu’il ressentait et voyait la Présence divine absolument partout… d’où son amour sans limite pour tout ce que son regard rencontrait. Cette façon d’être est beaucoup plus révolutionnaire qu’on ne le croit au sein de la religion chrétienne qui se dit pourtant universellement aimante. C’est une façon d’être qui est subversive dans les faits car, pour François, elle ne relevait pas d’une démarche intellectuelle ni d’une croyance mais d’une expérimentation au quotidien dont on pourrait dire qu’elle était presque chamanique…. J’en prends pour témoin ce long passage que j’ai retranscrit et dans lequel il parle de sa communication avec les mésanges. Cependant, c’est bien au-delà de cette constatation qu’est allée mon approche de qui il fut et de la scission qui existait de fait entre lui et Rome… même s’il s’est plié à l’autorité de celle-ci, par obéissance. Bien qu’historiquement on sache parfaitement que François d’Assise a accompli une expédition en Égypte, au cœur donc du monde musulman envahi par les Croisés, on a toujours été tenté de minimiser l’importance de ce voyage. Tout d’abord en passant celui-ci sous silence auprès de la masse des Chrétiens puis en n’acceptant de le mentionner que pour évoquer le travail de conversion qui aurait été accompli auprès des ¨Infidèles¨. La réalité dans laquelle les Annales akashiques m’ont fait plonger est tout autre. Francesco, au contraire, a été marqué de manière indélébile par la sagesse de l’Islam et par la révélation majeure contenue dans les manuscrits millénaires qu’on lui a alors remis : des textes de première main abordant la vie du Christ d’une façon passablement différente de celle de l’Église établie. En deux mots, disons qu’il a découvert un Jésus pleinement incarné, ayant une épouse, comme la religion juive le prescrit pour tous ceux qui ont autorité pour commenter les Écritures et dispensant un enseignement si ouvert qu’il y incluait les femmes… Un scandale pour l’époque ! J’ajouterais qu’il a découvert un Maître de Sagesse, un Avatar révolutionnaire vivant la non-dualité absolue et parlant d’un christ intérieur à chacun. C’est évidemment là où le bât blesse avec l’Eglise romaine; c’est par conséquent là où le message de sa fin de vie a été étouffé dans l’œuf. La découverte de François d’Assise était ¨trop¨ responsabilisante… Elle ne répercutait pas la ¨crainte de Dieu¨ et ne plaçait pas Celui-ci tel un juge ou un démiurge arbitraire à l’extérieur de sa propre Création. Elle ennoblissait tout et rendait tout ¨divinisable¨.

–    MJC : Pouvez-vous nous dire de quelle façon vous avez travaillé pour obtenir de telles informations ?

–    DM-G : J’ai travaillé au jour le jour en m’immergeant dans la Mémoire akashique, la plupart du temps par l’intermédiaire des souvenirs de Claire d’Assise, parfois aussi à travers les yeux de Francesco lui-même. C’est un immense privilège dont il m’est difficile de parler. Évidemment, dans de telles conditions, il est impossible d’avoir le moindre plan de travail. J’ai écrit quotidiennement ce que je vivais sans savoir à l’avance où cela allait me mener. Ce genre d’écriture, qui est celui que j’ai déjà expérimenté avec un grand nombre de livres, demande beaucoup de lâcher-prise. Ma difficulté a été d’essayer de traduire au mieux l’impressionnante pureté d’âme non seulement de François  mais aussi de Claire… sans oublier  celle d’Agnès, la sœur de cette dernière. Le défi s’est présenté au-delà de la traduction des mots et des images enregistrés dans l’Akasha. Une information est toujours relativement facile à retranscrire, la beauté aussi… mais la pureté, la limpidité dans toute leur spontanéité et leur fraîcheur, c’est autre chose ! Je peux dire que je me suis ennuyé de leurs présences dès que le travail a été achevé.

–    MJC : Sans trahir complètement le secret qui est au cœur de votre livre et qui aurait donc habité François d’Assise durant les dernières années de sa vie, pourriez-vous nous dire en quoi sa découverte aurait pu changer la Chrétienté si elle avait été révélée en son temps ?

–    DM-G : Ce secret en est de moins en moins un… C’est celui du non-célibat de Jésus. Beaucoup de thèses et d’hypothèses ont été développées sur ce sujet depuis quelques décennies, générant forcément des polémiques. Tant que je n’avais pas moi-même d’éléments déterminants, je ne l’ai pas soutenue publiquement. Je trouvais plus sage de m’en tenir à affirmer sans ambiguïté que le Maître Jésus avait eu une vie sexuelle et qu’Il avait même dispensé un enseignement de nature tantrique à un tout petit cercle de disciples. Qu’Il se soit engagé légalement me paraissait toutefois plausible car, comme je l’ai dit précédemment, pour devenir rabbin – ce qu’Il était – la loi imposait le mariage. Sachant cependant Jésus très atypique en son temps, j’ai néanmoins attendu une information décisive pour affirmer son mariage à mon tour. C’est François d’Assise qui me l’a fournie, lui dont les Annales révèlent qu’il fut l’apôtre Jean. Il me paraît indubitable que si l’annonce du non-célibat du Christ en la personne de Jésus avait été communiquée au Moyen-âge, toute la donne du Christianisme en aurait pu en être modifiée. Sans doute même cela aurait-il été à l’origine d’un schisme désamorçant à sa façon celui qui a été à l’origine du Protestantisme quelques siècles plus tard, un mouvement basé notamment sur le besoin d’une plus grande simplicité. Le Calvinisme ne semble pas, par ailleurs, estimer qu’une vie de couple soit incompatible avec un solide engagement spirituel… Quoi qu’il en soit, si Francesco n’avait pas été censuré, peut-être aurait-il bénéficié d’une vie plus longue lui permettant d’approfondir sa pensée et de la communiquer dans un souci de non-dualisme. Les confidences qu’il fit à Claire et à Agnès et qui restent gravées dans la Mémoire du Temps laissent en effet croire qu’il a été rongé de l’intérieur par ce qu’il a vécu comme une trahison et un mensonge probant de la part de Rome. Bien sûr, on peut épiloguer longuement sur le sujet et l’imaginer aussi livré aux flammes d’un bûcher… Sans doute y avait-il nécessité karmique pour notre Occident à ce que le ¨secret¨  conduise un certain Christianisme jusqu’au point où nous le connaissons aujourd’hui, vieillissant et crispé dans ses dogmes, coupé du monde parce que braqué contre un nombre grandissant d’évidences.

–    MJC : Huit siècles plus tard, pensez-vous que le message ou du moins la révélation à laquelle il a eu accès aient toujours la même force ? Leur contenu ne fait-il pas figure de combat d’arrière-garde ?

–    DM-G : Il est certain que le visage du Christ tel qu’il s’est finalement révélé à François d’Assise n’a plus le même impact aujourd’hui qu’autrefois. Il me paraît toutefois incontestable que le message profond qui se cache derrière cette information demeure tout aussi important. Ce n’est pas parce qu’il ne choque plus autant les foules qu’il n’est pas riche d’enseignements. En fait, il n’est pas mieux accepté parce que nous avons fait un réel chemin intérieur, il l’est parce que nous sommes infiniment plus nombreux qu’il y a encore peu de temps à nous être affranchis de l’autorité sans partage de l’Église. Cela ne signifie pas pour autant que nous ayons fait un travail de réflexion sur nous-même ni sur le sens ou l’importance d’une démarche spirituelle ouverte. C’est pour cela que ¨François des Oiseaux¨ existe, pas pour le secret lui-même mais pour la réflexion profonde à laquelle il nous invite. Son message est celui du décloisonnement auquel l’amour véritable conduit sans réserve, celui du refus des idées toutes faites et du formatage des consciences. Son message est aussi celui de l’émerveillement à redécouvrir face à la splendeur de la vie, en dehors de tous les types de frontières inventées par les sociétés humaines.

–    MJC : Le récit dont vous vous faites l’interprète nous parvient à travers les yeux de Claire d’Assise qui est, de ce fai,t constamment présente. Pouvez-vous nous parler de ce que furent ses véritables relations avec Francesco telles que les Annales akashiques en conservent la mémoire ?

–    DM-G :  Il est certain que la véritable relation unissant François et Claire constitue le pivot de mon témoignage. Elle n’est pas anecdotique. Elle ne nourrit pas non plus le moindre sensationnalisme. Elle pose toute la question non seulement des âmes-compagnes qui s’incarnent pour accomplir une mission commune et se parfaire elles-mêmes mais aussi celle de la complémentarité homme-femme sur le chemin d’une Réalisation pleine et harmonieuse. Je crois qu’il est également important de prendre conscience que ces êtres que nous qualifions de ¨saints¨ sont avant tout des êtres humains semblables à nous, qui se sont bâtis, avec leurs forces exceptionnelles, bien sûr, mais également avec leurs peurs, leurs faiblesses et leurs frustrations. L’exemple de Francesco et Chiara est interpellant  dans la mesure où il est celui d’un couple solaire emprisonné dans un carcan terrestre basé sur des conventions rétrécissantes. C’est au dépassement de ce carcan qu’il nous convie… au moyen de la quête du message christique originel. Leur exemple est celui d’un couple d’âmes qui en vient à confesser sa peur du corps… pour se rendre finalement compte que ce corps, approché de façon sacrée, peut et doit être vécu comme un temple où l’Esprit s’unit à la Matière en invitant celle-ci à traduire le Divin. C’est un discours ainsi qu’une prise de conscience qui présentent une tonalité en apparence très moderne et qui sont en opposition avec les mentalités du Moyen-âge. Pourtant, en y réfléchissant de plus près, on se trouve là exactement aux racines-mêmes du Tantrisme, une discipline spirituelle himalayenne qui remonte aux Temps les plus anciens. Il s’agit d’un des principaux thèmes abordés par ¨François des oiseaux¨. C’est la quête de l’unification de l’être dans le respect de ses polarités et de tous les aspects de la manifestation de la Vie en lui… Une sorte de plaidoyer pour ce Bonheur total et sans frontière auquel nous mène assurément notre héritage divin.

–    MJC : Comment pensez-vous que puisse réagir l’Église face à un livre comme le vôtre ? Avez-vous des contacts avec certains de ses membres ?

–    DM-G : Je pense que l’Église a dit depuis longtemps tout ce qu’elle était capable de dire sur les sujet et qu’un livre comme celui-ci la laisse indifférente… ne serait-ce qu’en raison de l’outil au moyen duquel il a été écrit et puis aussi pour ne pas lui donner de publicité. La critique ou le bannissement attirent toujours les regards ! L’indifférence est une attitude qui vient aussi de la pétrification inhérente à tous les dogmes. L’immobilisme est un état qui est exactement inverse à celui de la vie. En général, il est gouverné par la peur, celle de perdre le contrôle de la situation. Il faut pourtant admettre que le monde et les situations qui le constituent bougent d’eux-mêmes au rythme des consciences dont l’évolution est inévitable. Toutes les structures qui ne tiennent pas compte de cet état de fait sont vouées au déclin et s’étiolent invariablement. Il ne faut donc pas s’étonner que l’Église romaine éprouve aujourd’hui des difficultés à trouver de nouveaux prêtres. Ce n’est pas, à mon avis, parce qu’il y a moins de ¨volontaires¨ qu’autrefois, c’est parce que ceux-ci ne craignent plus de prendre une autre direction que celle du dogme. Ils s’engagent sur une route plus vivante qui ne serpente pas à travers le dualisme et les frustrations de toutes sortes… Personnellement, je n’ai pas encore eu de contacts avec des ecclésiastiques depuis la parution de ce livre. J’ignore si j’en aurai… je ne les attends pas mais, au fil des années, j’ai régulièrement appris, souvent par ricochet, parfois directement,  que nombre de mes livres étaient régulièrement lus par des prêtres et des religieuses. Je ne doute pas qu’un nombre grandissant d’entre eux se questionnent, ouvrent les yeux et se sentent inconfortables là où ils sont.

–    MJC : On peut dire que votre livre laisse une place de choix à l’Islam… ce qui est assez surprenant dans un texte consacré au message originel du Christ. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

–    DM-G : Oui, effectivement, l’Islam occupe une place importante dans cet ouvrage. C’est tout simplement parce qu’il en a été ainsi dans la dernière partie de la vie de François d’Assise. Les Annales nous apprennent que celui-ci s’est trouvé en affinité intense avec la mystique de cette religion. Si Francesco s’est embarqué pour l’Egypte un peu comme un chevalier du Christ prêt à conquérir les âmes… c’est plutôt lui qui est revenu conquis par la profondeur d’une Tradition dont il ignorait tout et qui a amplifié la richesse de la sienne. Par rapport à l’Islam, il faut bien reconnaître que notre Occident d’aujourd’hui n’a guère beaucoup évolué malgré les huit siècles écoulés depuis les croisades. Il est toujours aussi peu informé, confondant les extrémismes entretenus par les politiques avec l’essence de la pensée musulmane. Cette essence, c’est le Soufisme… et c’est bien sûr avec des initiés soufis que François d’Assise a connu ses grands rendez-vous d’âme, des mystiques qui respectaient le Christ et qui l’ont tout naturellement conduit vers les chevaliers du Temple. Comme on le voit une fois de plus, il faut chercher pour comprendre; il faut ouvrir audacieusement les yeux afin de voir au-delà des schémas tout faits.

Pour conclure, je dirais que lorsqu’on est en quête de vérité, il faut avant  tout savoir ce que l’on veut : absorber du prédigéré en matière de croyance ou prendre le risque de s’engager sur un vrai chemin de clarté. En ce sens, l’itinéraire réel de François d’Assise, même si l’Histoire religieuse l’a censuré jusqu’à présent, est un lumineux modèle.

¨François des Oiseaux… Claire et le Soleil¨, par Daniel Meurois-Givaudan.
Éditions Le Passe-Monde. ( Diffusion Prologue )
( www.danielmeurois-givaudan.alchymed.com  )
 

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