La médecine est l’avenir de la musique
Lorsqu’en juillet 1977 j’ai été hospitalisé à l’hôpital Édouard Herriot, de Lyon, France, je savais que quelque chose de sérieux m’arrivait mais j’ignorais que ce petit bout de bois que je transportais partout depuis mon enfance et que j’avais naturellement pris avec moi, allait prendre autant d’importance dans ma vie et pour ma santé.
La flûte c’est pas du pipeau!
J’ai découvert que faire chanter les Nombres, comme le disait Pythagore, était loin d’être anodin et en tous les cas m’a beaucoup désennuyé alors que je patientais sur mon lit d’hôpital. À la seule différence que les chansonnettes que je flûtais enchantaient le service et un beau matin, une infirmière s’est pointée. Elle m’invita à aller me faire connaître symphoniquement auprès de personnes qui m’avaient entendues subrepticement à travers la résonance des corridors et voulaient s’assurer qu’elles n’avaient pas rêvé ni vivaient une NDE (Near-Death Experience : expérience de mort imminente). Donc j’ai pris mon bâton de pèlerin, qui en l’occurrence était creux et orné de quelques trous : il avait pris forme d’une petite flûte alto et je partis à la découverte du monde : le service hospitalier dans lequel j’égrenais patiemment mes jours.
J’y allais de mes concertos et sonates que je savais par cœur et de temps en temps aussi, je m’essayais de mes propres fantaisies, comme je le faisais depuis longtemps déjà, dans d’autres circonstances aussi. Seulement, ce qui était pour moi presque un amusement a pris cette fois une autre dimension. Car déjà confronté à ma propre souffrance que je consolais à ma manière, c’est devant le soulagement de mes auditeurs hospitaliers que j’ai été le plus ému. En effet, je voyais de mes propres yeux les larmes couler dans le regard appartenant aux êtres dont les oreilles percevaient le lent écoulement des mélodies et j’en pleurais aussi. J’ai été ému disais-je, le mot n’est pas assez représentatif du sentiment qui est né en moi à cet instant. Quelque chose s’est ouvert. Une dimension s’est révélée : la musique est devenue pour moi une médecine.
Les sons, selon l’usage qu’on en fait bien-sûr, ont le pouvoir de nous emmener de façon immédiate dans un monde fantastique et de nous faire oublier notre condition d’être souffrant et ainsi de nous révéler leur capacité à devenir outils de compassion. En tous les cas, c’est cela que j’ai vécu et cette expérience a été marquante à un point tel que j’ai décidé ensuite d’abandonner mes études d’architecte que j’avais entreprises pour me consacrer aux sons et à la musique mais pas n’importe lesquels : ceux qui ont le pouvoir de guérir.
Car il est vrai que la plupart des sons que nous subissons aujourd’hui dans notre quotidien ou même ceux que nous « consommons » culturellement ne sont pas nécessairement guérisseurs. Je dirai même qu’ils sont des vecteurs de stress et souvent de maladies. Des campagnes alarmantes sont faites régulièrement par les professionnels de l’audition qui constatent à quel point les oreilles humaines sont abîmées précocement par le fait que l’on n’en prend pas suffisamment soin. La surconsommation des décibels est très dommageable et la perte auditive ainsi que les acouphènes sont des symptômes survenant chez des populations de plus en plus jeunes.
La pollution auditive due à une intensité sonore inadéquate n’est qu’ un des aspects du « problème ». La musique elle-même et donc les sons qui en découlent est un art qui comme d’autres aussi, ne doit pas être utilisé n’importe comment. Et puisque la liberté d’expression existe et il en bien ainsi, il est nécessaire que chaque auditeur sache que toutes les musiques ne sont pas bonnes à entendre et il est des sons comme il en est des plantes : il en existe de vénéneux comme de guérisseurs. Et nous formons maintenant, après toutes ces années, des sortes d’herboristes des sons à qui nous enseignons les bons et faisons connaître les mauvais, sans jugement, simplement en intégrant quelques principes simples : ce qui résonne avec nos rythmes vitaux les renforce (rythme dactyle), ce qui ne le fait pas les affaiblit (rythme anapeste).
Non pas qu’un rythme anapeste fasse arrêter le cœur mais l’écoute de ce rythme va affaiblir le tonus corporel. Ce rythme que les Grecs appelaient ainsi, signifie « frappé à rebours ». Et il est l’inverse du rythme dit « dactyle » que l’on retrouve dans la valse, la musique d’Amadeus Mozart ou dans la cadence grégorienne. Exemples de rythmes anapestes : on les trouve au sein de la 5e symphonie de Beethoven et du Boléro de Ravel explicitement exprimés. Ces musiques sont très populaires et il y aurait de nombreux autres exemples à citer tous azimuts, pour illustrer ce constat.
Un autre aspect concerne la thématique et le sens des mots que la musique porte, comme dans la chanson ou l’opéra. Les chansons du type « Ne me quittes pas » ou « Que serais-je sans toi? » ne sont certainement pas les meilleures à écouter si l’on souhaite rester en bonne santé émotionnelle. Or depuis le 19e siècle, le mal-être a été élevé par les romantiques au niveau d’une émotion artistique et cette thématique domine encore beaucoup notre culture.
Un autre aspect concerne cette fois ce que le corps entend. Les oreilles forment l’interface directe pour la perception cérébrale des sons. Mais ces derniers passent aussi à travers le corps et sont perçus aussi directement à ce niveau. Nous avons en effet des « diapasons » intérieurs qui ont la capacité d’entrer en résonance avec les vibrations sonores extérieures. Quels sont-ils ces diapasons intérieurs? : nos os, nos muscles, nos organes, nos cellules et nos molécules d’ADN. Nos atomes vibrent aussi,. Restons-en au niveau moléculaire pour le moment! La science nous montre aujourd’hui que les cellules vibrent et on peut les voir osciller grâce à des techniques d’imagerie médicale avancées. Des chercheurs ont aussi identifié un processus sonore dans la synthèse des protéines où les acides aminés correspondent à des notes de musique. Il serait à considérer aussi que l’élément liquide est très présent en nous et que l’eau est un puissant vecteur de l’énergie sonore.
Coup de bol
Après avoir été initié aux techniques de chant harmonique par le compositeur allemand Michael Vetter en 1980, j’ai aussitôt décidé de m’engager dans la voie de la recherche et de l’enseignement des sons thérapeutiques, encouragé il est vrai par mon professeur, Madeleine Mirocourt et par mes lectures : je connaissais les écrits du compositeur John Cage que j’ai rencontré à Lyon en 1978. John Cage, vous savez c’est ce « fou » qui a créé en 1952 une partition de silence pour piano durant quatre minutes et trente-trois secondes (4’33”), une prière silencieuse, en fait et une autre œuvre dont l’interprétation doit durer 639 ans (Organ 2/ASLSP – pour aussi lentement que possible)…
Afin de permettre une meilleur accessibilité au monde des vibrations sonores, j’ai décidé aussi de ne pas enseigner la musique mais les sons. Enseigner la musique aurait été pour moi une voie possible, seulement, si l’on veut maîtriser un instrument, cela nécessite un apprentissage de plusieurs années. Les outils que nous utilisons ne demandent que quelques heures d’apprentissage, même si une pratique est nécessaire ensuite pour les maîtriser. De plus en plus de musiciennes et de musiciens viennent suivre nos cours et ils sont alors enchantés de découvrir d’autres possibilités à leur art.
Les outils que nous avons sélectionnés sont les bols tibétains et les diapasons thérapeutiques, que nous utilisons en plus des techniques vocales (chant des voyelles, chant harmonique, chant pythagoricien). L’usage des bols tibétains est enseigné selon les techniques ancestrales en provenance des monastères de l’Himalaya qui nous ont été transmises. En complément de ces outils sonores, nous utilisons aussi des outils sensoriels complémentaires avec les fragrances (essences aromatiques), les cristaux (lithothérapie) et la couleur-lumière. La synthèse de ces pratique est regroupée en une technique de massage sonore originale appelée Toucher par les Sons®.
Lorsqu’une personne est allongée sur une table de massage pour une séance durant environ une heure et qu’ensuite à son issue, elle se relève doucement et témoigne de ce qu’elle a ressenti, c’est toujours un instant émouvant. Et j’arrive maintenant non seulement à recréer cela, avec ma flûte, si nécessaire lors de concerts thérapeutiques aussi, mais surtout à enseigner à le faire pour le reproduire et cela me permet d’appendre à autrui à faire du bien avec des vibrations. Le fil conducteur de tout cela, au-delà des vicissitudes de mon parcours de pèlerin des sons, a été une foi inébranlable en la certitude que la médecine est l’avenir de la musique, pour soulager les souffrances du Monde. C’est ce que nous appelons à présent « Médecine Sonore ».
© 2010 Par Emmanuel COMTE. Compositeur, auteur, chercheur
www.medson.net
Prochaines activités
Mardi 22 juin 2010 : Concert thérapeutique du SOLSTICE à Prema Shanti, Val-David, Qc.
Mercredi 23 juin : Séances thérapeutiques Massages Sonores à Val-David. 450-532-5765
1er juillet : Journée du cercle des amis de Pythagore (Val-David)
Du 9 au 17 juillet : Stage résidentiel à Prema Shanti, Val-David.
Autres activités ici et ailleurs :
Au Québec :
Samedi 19 juin : Concert thérapeutique à Valleyfield, 748, Grand Île.
Lundi 21 juin : Concert thérapeutique du solstice au centre Vox Populi à Montréal.
Formation en sonologie 2010-2011 au centre Tara (Bonsecours) Session #1 : 26-30 novembre. Session #2 : 4-8 février.
En France :
Samedi 29 mai : Journée des Amis de Pythagore
Du 13 au 21 août : Atelier et formation en Provence (Mont Ventoux) (COMPLET)
Du 1er au 9 octobre : Atelier et formation en Provence (Mont Ventoux)
En Belgique :
Jeudi 22 avril : Conférence Le secret des sons thérapeutiques à Bruxelles
Mardi 27 avril : Concert thérapeutique à Bruxelles
Jeudi 29 avril : Concert thérapeutique au Trifolium, Sauvenière (Gembloux)
Du 30 avril au 8 mai : Atelier et formation au Trifolium à Sauvenière (Gembloux) (COMPLET)
En Suisse :
12 avril, 10 mai, 7 juin, 6 septembre : Soirées méditation sonore : Place de la Riponne, 1, 1005 Lausanne
Du 5 au 13 novembre : Atelier et formation en Valais au Beau Site à Chemin-Dessus, en pleine montagne au-dessus de Martigny
Toutes les infos sont sur :www.medson.net